Sous-traitance aéronautique : d’une sous-traitance de capacité à une sous-traitance de spécialité

Sous-traitance aéronautique : d’une sous-traitance de capacité à une sous-traitance de spécialité

7 avril 2015
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Le marché aéronautique mondial doit faire face à un nouveau défi : produire plus dans un délai plus réduit, pour un niveau de qualité égale, voire supérieur. Pour y répondre, les avionneurs sont en train de faire évoluer leur modèle organisationnel, transformant la sous-traitance de capacité d’hier, par celle de spécialité.

 

Le déclin de la sous-traitance de capacité

Jusqu’à la fin des années 70, les principaux constructeurs aéronautiques – européens et américains – maîtrisaient l’ensemble des étapes, allant de la conception à la production d’un avion : les sous-traitants qui intervenaient sur les appareils étaient alors totalement captifs du donneur d’ordre. Ce dernier établissait un cahier des charges très précis des tâches externalisées, notifiant les spécifications du produit, mais aussi les équipements à utiliser.

Cette sous-traitance de capacité s’est essoufflée à la fin des années 80. À cette époque Airbus produisait en moyenne six A320 et demi par mois, alors qu’il en produit actuellement 42 et prévoit d’atteindre les 46, en 2016, voire même 55 dans les années à venir. L’augmentation des volumes de commandes, conjuguée au raccourcissement des délais, a contraint les avionneurs à changer leur modèle d’externalisation.

 

3 - 747-8 Wing Sets in the 747 Factory in EverettK64744

Vers une sous-traitance de spécialité

Pour satisfaire les nouvelles exigences du marché, les donneurs d’ordre ont commencé à faire évoluer leur organisation, se recentrant sur les activités stratégiques (conception et fabrication d’éléments à haute valeur ajoutée et assemblage final), les autres étapes de construction étant déléguées à des sous-traitants de spécialités.

Avec ce nouveau modèle, les partenaires de rang 1 ont gagné en responsabilités et leur périmètre d’action est de plus en plus large. Aussi, la plupart des avionneurs misent désormais sur le fait que le succès commercial d’un avion bénéficie à tous. En conséquence, ces-derniers estiment que les acteurs de premier rang doivent partager les risques et les coûts associés aux programmes avions. De ce fait, l’interdépendance entre les acteurs est de plus en plus grande : les constructeurs ne peuvent plus se passer de leurs sous-traitants qui inversement sont toujours plus dépendants des performances commerciales de leur donneur d’ordres.

De la sous-traitance de capacité à la sous-traitance de spécialités, le secteur de l’aéronautique est en train de construire un modèle organisationnel adapté au marché actuel, à la fois plus gourmand (en avions) et plus impatient (en délais). Une évolution qui modifie en profondeur et complexifie les relations entre les donneurs d’ordre et les sous-traitants.